Le Christ mangé par l'arbre ou l'histoire de Paul Defer

Description

La légende de cette croix nous est contée par Léon Jacqmin dans son livre paru aux éditions Noir Dessin Productions, intitulé "Contes et légendes du Pays de Herve et de l’ Entre-Meuse-et-Vesdre", sous le titre "le mineur de Trembleur et sa moto".
- Nous sommes au XXe siècle, à l’entre-deux-guerres, dans le hameau de Chenestre.
La famille DEFER y habite. Le père de famille, mineur au charbonnage d’ Argenteau à Trembleur, travaille après journée pour apporter un surplus financier à la famille en aidant le vieux Prosper, un fermier de Trembleur.
Paul DEFER (Paul Difier, en wallon), le garçon de la famille l'accompagne souvent.
Prosper et son épouse n'ont pas d'enfant et prennent le petit Paul en sympathie.
Après l’avoir fait baptiser, ils inscriront Paul au catéchisme et lui font faire sa communion.
Paul deviendra même acolyte à la chapelle de Trembleur.
C'est tout naturellement que le petit Paul, devenu adolescent, s'installe chez Prosper et y travaille comme garçon de ferme.
- Prosper achète une moto pour se déplacer dans les chemins et les prairies de l'exploitation.
Trop âgé pour conduire la moto, Prosper confie l'engin à Paul.
Quel plaisir pour ce dernier de se montrer à bord de la moto et de se pavaner dans les rues voisines.
- Mais l'épouse de Prosper décède.
Ce dernier ne veut plus exploiter la ferme et décide de vendre ses biens pour vivre de ses rentes.
Quelle catastrophe pour Paul !!!
Non seulement, il va devoir aller travailler à la mine comme son père, mais de plus, il va perdre l'usage de sa moto.
- C'est alors que commence une période noire pour Paul.
Il fait l'objet de railleries des autres mineurs au sujet de sa moto…
" Et alors Paul. Où as-tu laissé ta moto ? - Tiens Paul, Tu as échangé ton casque de moto contre un casque de cuir ? "
C'est l'époque où l'on voit Paul s'arrêter souvent devant le crucifix de la "Hoûlante Ewe" à Chenestre. Pour quoi prie-t-il ? Peut-être pour obtenir une nouvelle moto…
Il emprunte ensuite le chemin de l'Abbé (où nous nous trouvons) pour se rendre à pied au travail.
- Paul déprime et pense même au suicide…
Un soir, il se rend à la chapelle de Trembleur pour invoquer tous les Saints qui y sont représentés en statue, avant de passer à l’acte fatal.
Il y a St Léonard et Ste Barbe, pour les mineurs et St Gerlach et St Pascal pour les fermiers mais aussi d’autres saints. Cela fait des dizaines de chapelets. Le rosaire dure et le sacristain n'ayant pas remarqué sa présence discrète enferme Paul dans la chapelle d'où il ne sortira que le lendemain matin.
Que s'est-il passé dans la chapelle ? Peut-être une inspiration divine ?
Toujours est-il que Paul se ravise.
- Peu de temps après, le vieux Prosper décède, faisant de Paul son seul héritier.
La somme héritée n'est pas très importante, mais elle suffit à Paul pour s'acheter une moto FN de type militaire qu’il complète avec un sidecar Belgian.
C'est avec ce véhicule que Paul emmène ses collègues se promener dans le quartier, à leur demande.
Paul a ainsi retrouvé le sourire, mais aussi le respect et l'estime de ses camarades.
Paul a conservé cette moto de nombreuses années et on dit même qu'il s'est fait enterrer avec la moto sous son cercueil…
Quant au Christ dans l'arbre ……
On peut présumer que Paul a placé le Crucifix sur ce charme, en remerciement de cet heureux dénouement.
Au fil des années, l'arbre s'est développé, disloquant le Crucifix et l'engloutissant en partie.
On dit que la mémoire de Paul Difier est restée dans l’arbre.
Dans quelques années, "la croix de Paul Difier" ne sera plus visible et il n'en restera que la légende.
Une manière de nous rappeler qu’au-delà de toute croyance, Dame Nature reste toute puissante.